jeudi 26 septembre 2013

Rencontre avec Chilly Gonzales



Mercredi 25 septembre: rendez-vous est donné à 17h40 à l'Opéra de Reims pour une rencontre privilégiée avec le virtuose Chilly Gonzales. A l'arrivée de l'artiste, nous lui avons fait part de notre projet pédagogique pendant le festival Elektricity. Pendant l'interview, nous avons découvert un artiste attentionné, gentil, agréable. Du fait de sa notoriété, nous avons été très flattés qu'il réponde à nos questions. En effet, il a été interviewé par de grands magazines internationaux ! Son accent, mélange de québecois et d'anglais et son humour noir nous ont vraiment séduit. 

Pour vous accompagner tout au long de votre lecture, voici une petite mixtape faite par Gonzales en 2010.

 

Depuis combien de temps connaissez-vous le festival Elektricity?

Chilly Gonzales: Pour être honnête, j'ai appris le nom du festival ce matin. Ce qui m'a le plus attiré, ce qui est resté dans ma tête, c'est que j'allais jouer à l'Opéra de Reims. C'est un endroit sérieux. Je préfère être dans un endroit calme, pour que le public apprécie le concert, puisse reposer ses oreilles.

Quelle a été votre réaction à l'idée de participer au Festival?

C.G:  Je n'aime pas les chapiteaux car je n'ai pas de contact avec le public, je ne peux pas avoir d'échanges. Alors que l'Opéra est un endroit sérieux.

Préférez-vous jouer devant un public nombreux ou dans une ambiance plus calme comme par exemple à l'Opéra?

C.G: Je préfère jouer devant un public plus restreint, plus petit, pas comme dans un théâtre de 1500 personnes ou des salles de 2000 personnes comme le théâtre philharmonique en Allemagne. Je joue assez souvent, c'est un challenge pour moi.  J'ai du mal à comprendre que 1800 personnes soient devant moi. Jusqu'à 1000 personnes, c'est le plus confortable pour moi. Un festival et des chapiteaux c'est 5000 personnes, c'est pas pour moi. Je ne vais pas m'amuser, mes meilleurs côtés ne vont pas ressortir. Lose-lose, le public perd et je perds. Je l'ai fait deux, trois fois et ce n'est pas pour moi !

Si on t'avait proposé de jouer devant la cathédrale, le parvis, aurais-tu accepté? 

C.G: Non, je n'aurais pas accepté.

Que vous apporte le fait de surmonter les épreuves? D'où vous est venue l'idée folle de vouloir battre le record du monde du plus long concert de piano?

C.G: C'était important pour moi que j'existe dans le monde musical et à cette époque-là j'avais envie de trouver une voie où je pourrais être moi-même et en même temps faire un maximum plaisir aux gens. J'ai fais des albums, j'ai même changé de nom, de ville. J'avais fait un album où j'avais l’impression d'être allé trop loin : "Soft Power" en 2008. Le chant n'est pas ce que je sais faire de mieux. Deux ans après, j'ai reconnu mon erreur et j'ai conçu le concert de Guiness World Record pour réparer cette faute et changer l'opinion des gens, ce qu'ils pensent de moi. Ce concert, c'était pour montrer aux gens ma vraie personnalité, le narratif de ma propre histoire... Je ne pourrais plus le faire parce que je n'ai plus besoin de vivre des épreuves. Si je dis aux gens que j'ai fait le Guiness World Record je me sens faire partie de quelque chose de vrai. 




Comment s'est passée la rencontre avec Daft Punk?

C.G: Je les ai rencontrés vers 2002 -2003, quand j'ai commencé à visiter Paris et à rencontrer des artistes là-bas. Je me suis retrouvé à une soirée et ils m'ont demandé de faire un remix de leur titre "Too long".  J'ai fait une version au lieu de faire un remix, une version très rétro car je ne me sentais pas capable d'autre chose. Je ne suis pas producteur d'électro. Je voulais être moi-même. Je sais qu'ils ont beaucoup aimé car ils aiment les années 70

Pourquoi revendiquez-vous être influencé par le Rap?

C.G: C'est la seule musique que j'aime, le message me parle beaucoup. Cela me rappelle mon père qui a quitté la Hongrie puis l'Algérie pour se retrouver en France et enfin au Canada. Comme Drake dit: "he started from the bottom", so my father started from the bottom. C'est typiquement l'histoire de l'immigrant qui vient au Canada, qui peut quitter l'Europe et se retrouver dans un monde nouveau. C'est le message du rap et c'est pour cela que ça me touche autant. Ce n'est pas la musique électronique qui me touche le plus, c'est plutôt la musique classique qui me donne des émotions. Et c'est le rap qui me motive, le message du rap me motive.

En quoi le public est-il satisfait quand vous ne respectez pas le piano lors de vos concerts?

C.G: Je respecte le piano mais il y a des moments où il faut avoir du "disrespect". Il y a des musiciens qui le respectent trop et il leur manque une certaine connexion avec l'instrument pour faire de la musique qui a une odeur de réalité. Dans la réalité, il y a toujours des conflits de connexion, la connexion avec le piano doit être le reflet de la réalité. Il faut que ce soit naturel.

Est-ce que vous vous inspirez de des œuvres classiques pour composer vos morceaux au piano?

C.G: Oui beaucoup, beaucoup beaucoup beaucoup ! Dans les musiques classiques, il y a de la magie, il faut juste le temps de regarder la partition et ainsi j'apprends ce secret et je refais ce tour de magie, ça arrive tout le temps. Mais je sais que ça n'arrivera pas avec la musique électronique.

Etant donné que vous êtes québecois, avez-vous déjà rencontré Céline Dion?

C.G: Non je n'ai pas rencontré Céline Dion. (Sourire) 

 Merci à Chilly Gonzales pour l'attention qu'il nous a porté et à Fabienne Bertheau d'avoir rendu  possible l'interview.

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