jeudi 2 octobre 2014

Interview de Guilhem Simbille



 
 
En quoi consiste votre métier et comment en êtes vous arrivé là ?
 
Je suis directeur artistique du festival Elektricity. Le festival a été monté par Pierre-Alexandre Busson (Yuksek) et je suis arrivé l'année suivante. Après, j’ai suivi le festival et d’une année à l’autre. Il a grossi et mon profil aussi.

Avez vous participé à la création du festival ?

La toute première année, nous n'étions que cinquante personnes dans une petite salle. La deuxième année, c’est devenu un événement avec un vrai budget, avec des ambitions, des affiches, de vrais flyers et un site internet. Ce n’était plus une soirée entre copains. Elektricity devenait un festival.
       
Comment choisissez-vous les artistes ?

Nous écoutons de la musique tous les jours avec les autres directeurs artistiques du festival. Tous les soirs aussi ! Puis, on se dit : "Tiens ce groupe, cela pourrait être bien cette année !", Alors on essaie de le faire. Par exemple, pour London Grammar, on contacte l'agent du groupe en France. On lui dit qu'on voudrait faire jouer la formation sur le parvis de la cathédrale, à telle date. Et des fois, cela peut prendre du temps dans les négociations.
Au départ, Elektricity est un festival de musique électronique. C'est le postulat de départ. Mais le festival s'est ouvert aussi sur la pop.

Quels sont vos arguments pour faire venir les artistes ?

Nous leur envoyons une belle photo de la cathédrale de Reims ! Ensuite, on leur dit que ça va être juste au pied de celle-ci, la nuit, avec des étoiles derrière. C'est un bon argument. Et puis, il  y en a un autre : l’argent. Parce que les groupes qui font des concerts comme ça maintenant gagnent beaucoup d’argent. Donc après c’est des semaines de tractation. Parfois aussi, ça peut se déclencher vite, comme avec Brodinski parce que c’est il voulait absolument jouer ici. On a un rapport plus privilégié avec lui. Ce qui n’est pas le cas avec London Grammar. 
 
Le site de le Cathédrale, vous en parlez vraiment aux artistes ?

Ah oui, ça les intéresse. C’est un endroit où on peut faire de belles photos. Pour les groupes, c’est un concert où les musiciens vont prendre du plaisir à jouer. L’image devient hyper importante aujourd’hui, par rapport à internet, aux médias. Alors le parvis, cela représente une bonne opération parce que les groupes y font toujours des belles photos.
 
Y a-t-il de célèbres artistes qui ont refusés de participer au festival ?

Parfois il y a des groupes, ça ne marche pas. Un problème de calendrier ou une offre qui ne convient pas. Caribou par exemple, un groupe canadien. Nous avons essayé mais ça n’a pas fonctionné pour des raisons de calendrier. Ce n'était pas un refus.
 
Quelle est selon vous la meilleure édition du festival jusqu'ici ?

C'est celle qui vient, c'est toujours celle-là la meilleure ! Parce que dans notre logique, nous essayons de faire mieux que l'année d'avant.

Quel artiste aimeriez-vous voir participer à Elektricity ?

Kanye West ! Non, je plaisante. Vraiment moi, j'ai plein de fantasmes. Il y en a qui sont possibles mais d'autres pas... Dans les possibles, il y a Christophe, un vieux chanteur que j'adore et qui fait de la musique électronique. Kanye West, je trouverais ça super mais c'est pas possible, pareil pour Madonna.

A t-il été difficile de faire venir London Grammar qui est devenu un phénomène planétaire ?

Cela a été très long à mettre en place... Leur agent en France est quelqu'un qu'on connaît bien. Il avait déjà fait venir Metronomy il y a quelques années. Il sait que le parvis de la cathédrale est beau. Donc il a convaincu le management anglais pour faire venir le groupe. A l'époque du début des négociations, London Grammar n'était pas aussi gros qu'aujourd'hui.

Pourquoi faire les concerts sur plusieurs lieux ?


Il y a des concerts quasiment dans toute la ville. Dimanche, le festival était dans les Halles du Boulingrin pour la journée d'ouverture. Après, il y a eu la Place du Forum, le Palais du Tau qui est le musée de la cathédrale. Il y a eu une conférence à la médiathèque. J'aime bien les festivals d'été où tout est concentré au même endroit, un parc où tu peux te balader. Mais les festivals en ville, je trouve ça super bien aussi.
C'est une manière ludique de redécouvrir la ville pour ceux qui sont de Reims ou la découvrir pour ceux qui ne le sont pas. On peut se balader, avec de la bonne musique dans un maximum d'endroits. C'est pour ça que je trouve que c'est bien qu'il y ait plusieurs lieux et qu'il n'y ait pas que le parvis de la cathédrale, parce que c'est pas le seul bel endroit dans Reims pour faire de la musique.
 
Avez-vous voulu créer un contraste entre la cathédrale de style gothique et la musique électro ?

La cathédrale a toujours été un endroit où il y avait des saltimbanques, où il y avait de la musique toute la nuit et où les gens venaient. Ce n'est pas un endroit de débauche mais de rencontre où les gens traînent. La cathédrale a été ouverte justement pour les gens qui étaient de passage. C'était aussi un lieu de recueillement. Pour nous, cela a beaucoup de sens de jouer de la musique au public devant ce monument, pendant quelques heures et d'écouter de la musique fort, de danser. Il n'y a pas de contraste entre les deux. Au contraire, c'est quelque chose de presque évident, d'avoir une belle cathédrale à Reims et de mettre devant, non de la musique folklorique, du jazz ou du classique mais de la musique électronique qui est la musique d'aujourd'hui.

 

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